La Mouette - 9 mois et UNE semaine

Aujourd’hui la Mouette, tu as 9 mois et une semaine. Comme c’est la durée que je t’ai porté en moi, ça veut dire beaucoup. Celà fait donc un peu plus de 9 mois que j’ai été satellisée dans un autre monde. J’avais déjà l’expérience d’être maman avec ta sœur, et tout était encore très frais dans ma tête sur les étapes des bébés des premiers mois. Et bien…..tous mes repères ont été balayés et j’ai mis quelque temps à comprendre qu’il ne fallait surtout pas s’y accrocher.

Autant le dire, je ne m’attendais pas à ce que ce soit si dur.

Ce petit bébé qui huuuuuuuurlait plusieurs heures par jour, c’était toi. Spécialement quand tu étais fatiguée. Tu huuuuuuuuurlais, quelque chose à nous rendre fous ton père et moi. Vraiment.

Ce petit bébé qui, pendant un mois, ne voulait pas dormir autrement que collée à moi, mon sein dans sa bouche, c'était toi. (nota : on dort très mal, je vous l'assure, avec un réveil musical dès que j'osais me tourner pour soulager mon dos).

Tu étais inconsolable, sauf au sein. Alors, ensuite, tu as passé toutes les soirées pendues à mes seins, pendant des heures.... oui des heures. Et dans la pénombre, pour essayer de t'endormir.

Je me suis vue accepter des choses que je ne pensais jamais accepter.

D'être transformée en tétine géante.

D'avoir toutes mes nuits hachées.

Quand nous avons décrété que tu aurais ton lit (collé au mien), tu te réveillais et tu hurlais dès qu'on t'on t'y posait. Nous sommes devenus, ton père et moi, experts dans l'art du poser de bébé, plusieurs mois de pratique assidüe.

Je t'ai beaucoup porté. Dans les bras, en écharpe, dans l'Ergo..

Ce petit bébé qui huuuuuurlait dès qu'on l'allongeait en général, c'était toi. En voiture en particulier. Si bien que pendant des mois, je redoutais la voiture avec toi. Jusqu'à que nous comprenions que assise, c'était mieux. Ou que tu fasses tout les trajets dans nos bras (c'est pas bien Mr. L'Agent).

Et malgré tout ce temps passé au sein, ce bébé que je n’arrivais pas à allaiter correctement, c'était toi : au bout d’une goulée tu t’étranglais, tu avalais de l’air, beaucoup d’air, tu t’énervais, tu me griffais, te jetais en arriere, jusqu’à ce qu’un Pu..aiN de rot sorte. Idem pour la goulée suivante. C'était épuisant. Puis j'ai compris, il fallait que je te nourrisse au réveil, voire à demi endormie, quand tu étais calme.

Je me suis inquiétée. J'ai pleuré d'épuisement et d'impuissance aussi.

Tu devais souffrir énormément pour huuuuuuuuurler autant.

Nous avons consulté.

Souffrais tu d'un reflux ?

Au cas où, j’ai supprimé toute trace de PLV (protéine de lait de vache) de mon alimentation. Pas un carreau de chocolat, pas une patisserie, pas un produit industriel, pas de laitage, de charcuterie, .. , pendant 5 mois.

Jusqu'à ce que je te donne ton premier yaourt à 6 mois, pour en avoir le cœur net. Et que tu ne deviennes pas violette. Au contraire, tu en raffoles et en ce moment à 9 mois, tu ne manges presque plus que ça... allez comprendre.

Pendant tous ces premiers mois chauds chauds chauds, les spécialistes et les autres ont donné leur avis. La gastropédiatre : « vous ne pourrez pas l'allaiter jusqu'à 6 mois ». La gynéco « elle pleure car elle voudrait connaître le biberon ». La psy pour enfants « elle nous dit que quelque chose ne va pas ». L'ORL (sans t'ausculter, un cas celui là!) « foncez à Necker ; faites la suivre toutes les semaines ». La pédiatre « sa courbe de poids est OK ? Tout va bien.. Oh, elle n'a pris que 300g, ce mois ci, A-ten-tion ! ». L'osthéopathe « elle a souffert à l'accouchement »...... et je passe les avis mal éclairés sur l'art de laisser pleurer son bebe.

Et puis, les choses ont changé.

A partir de tes 4 mois, t'allaiter est devenu un vrai Bonheur. Que nous continuons, malgré les prédictions.

Aussi, tu t'es mise a bouger et tu t'es éclaté : en faisant des roulades, à quatre pattes (à 6 mois), et maintenant sur tes deux pieds. Bouger est ta seconde nature et tu nous épates par ton agilité précoce ! Tu es toujours en mouvement, une pile à combustible. Toute cette énergie !

Je n'étais plus la seule à te comprendre, ton père te décodait aussi.

Et tu t'es mise à dormir, c'est à dire, plus que 8h par 24h. Mais pas de trop quand même hein ?

Tu éclates de rire à la moindre occasion. Un rire communicatif. Car quand tu exprimes qqchse, tout ton visage l'exprime.

Bien sur, tu adores toujours autant le contact, les calins.

Desormais, ce temps là où tu étais un petit bébé hurlant me paraît bien loin.

Comme dit ton père « on en a chié, mais maintenant que ça va mieux, on la garde ». En vérité, nous ne t'échangerions pour rien au monde. Tout ce temps passé à transpirer nous a lié profondément. Je t'aime si fort ma Mouette.